Des collégiens au cœur d’un procès pour harcèlement à La Seyne. Article Var matin

Pour découvrir les rouages de la justice et prendre conscience des conséquences d’un comportement violent, des collégiens ont assisté hier à la reconstitution d’une audience pénale.

M. G.  Publié le 21/05/2022 à 09:38, mis à jour le 21/05/2022 à 09:37

 

Un ado de 14 ans répondant aux questions des magistrats sur des faits de harcèlement et de violences aggravées commis sur un collégien de 13 ans. Puis ce dernier est interrogé à son tour mais peine à formuler ses réponses, encore traumatisé par ce qu’il a subi.

Certes, l’audience qui s’est tenue vendredi au centre Tisot n’était qu’une simulation (1) mais elle était en tout point comparable à celles qui se déroulent régulièrement dans les prétoires ou les cabinets des juges pour enfants.

Et pour cause, le scénario de ce procès avait été écrit par des éducateurs de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), habitués à ce type d’affaires. En l’occurrence celle d’un garçon qui n’a pas supporté qu’un “rival” dialogue avec sa petite copine. Alors, il l’a insulté et menacé sur les réseaux sociaux avant de le harceler avec l’aide de complices (insultes, crachats, vols d’affaires…) puis de le frapper.

Ne pas banaliser

Tandis que deux collégiens jouaient le rôle des deux “protagonistes”, de vrais professionnels de la justice (juge pour enfants, procureur, greffier, assesseurs, avocats et éducateurs) incarnaient, eux, la réalité d’une audience. Objectif de cette mise en scène: permettre aux élèves de mieux comprendre le fonctionnement de la justice des mineurs.

Les collégiens ont ainsi pu percevoir comment se tenir à la barre, comment se déroulent les auditions (de la victime, de l’auteur des faits, des parents respectifs, des éducateurs…), comment est formulé le récit des faits, pourquoi il est important de reconnaître ses erreurs, quelles sont les peines encourues, pourquoi la victime a besoin d’entendre une réponse judiciaire à ses souffrances. Et, surtout, comment une affaire en apparence banale est, en réalité, grave et peut avoir des conséquences sur le long terme.

” Briser le silence “

“Le harcèlement peut marquer la victime durant toute sa vie et avoir de graves répercussions sur son comportement”, explique la juge pour enfants. L’enfant harcelé peut aussi s’enfermer dans le mutisme. Il faut alors l’aider: “Si on voit le comportement d’un camarade changer, il faut absolument en parler à un adulte. Car c’est le silence qui profite au harcèlement. Il faut le briser pour que la violence puisse cesser, affirme un éducateur de la PJJ. Si on ne sait pas comment faire, on peut simplement saisir le mot harcèlement dans n’importe quel moteur de recherche et on trouve les réponses, les associations à contacter près de chez soi (avec un numéro vert, gratuit et anonyme) pour dire ce qu’on a vu ou entendu”.

S’agissant du cyberharcèlement, “il est important de faire prendre conscience que, derrière un écran, la perception des échanges est modifiée, l’empathie n’existe plus. Avec la virtualité, on perd la notion de gravité des faits et des propos”, assure une avocate. Du reste, rappelle la juge, “le cyberharcèlement est passible de 2 ans de prison et 30.000 euros d’amende, sachant que ces peines sont divisées de moitié quand il y a excuse de minorité”.

À l’issue de cette présentation, les collégiens ont pu interroger directement les professionnels de la justice, complétant ainsi les informations sur un sujet qu’ils ont déjà abordé à plusieurs reprises en classe. Une sensibilisation au harcèlement scolaire et au cyberharcèlement qui est destinée aux élèves de 4e car “c’est à partir de 13 ans qu’on est responsable pénalement”, indique la juge.

Avant de reprendre le bus pour retourner au collège, les élèves ont applaudi les intervenants, signe de l’intérêt porté à cette action. “C’était très intéressant, confiaient certains d’entre eux, car ça fait réfléchir sur la manière de se comporter si jamais un copain se fait harceler ou devient lui-même harceleur”

Près de deux cents élèves de 4e venus des collèges Paul-Eluard et L’Herminier ont assisté hier à ce procès fictif, dans la salle de spectacle du centre culturel Tisot. M. G..
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